top of page
agriculture

FOIRe
DE CHâLONs

SEPTEMBRE 2022

CONTEXTE DE LA RENCONTRE  

 

VIVESCIA, groupe coopératif agricole et agroalimentaire, membre de l’Alliance française pour la neutralité carbone, est présent chaque année en septembre à la Foire de Châlons, à Châlons-en-Champagne, dans le département de la Marne. Ce rendez-vous agricole fait partie, depuis plus de 70 ans, des événements incontournables de la rentrée politique et économique. Il réunit chaque année une diversité d’exposants et d’artistes et héberge de nombreuses conférences et événements. L’an passé, la Foire a accueilli plus de 206 000 visiteurs. L’un des enjeux de la Foire de Châlons 2022 est de promouvoir une agriculture à même de répondre aux défis de demain, et en particulier en matière d’environnement. En ce sens, VIVESCIA a souhaité saisir cette opportunité pour réunir les membres de l’Alliance sur son territoire, poursuivre le partage de réflexion sur la décarbonation et valoriser les engagements de chacun.

TABLE RONDE 1

L’ACCULTURATION A LA DECARBONATION,

L’EXEMPLE DE L’AGRICULTURE

rmand GANDON, Expert agronome bas carbone, VIVESCIA.jpg

Armand GANDON, Expert agronome bas carbone, VIVESCIA

Nos enjeux sont environnementaux, économiques et agronomiques. Aujourd'hui, le secteur agricole représente à peu près 20% des émissions de gaz à effet de serre en France. Nous avons donc des objectifs de réduction qui sont extrêmement ambitieux, visant 19% de réduction des émissions d'ici à 2030 et 46% d'ici à 2050. VIVESCIA a une responsabilité vis-à-vis de nos associés coopérateurs pour les accompagner vers ces réductions d'émissions et vers davantage de

stockage de carbone dans les sols. Il y a un enjeu aussi agronomique, notamment dans ce contexte météorologique compliqué et extrêmement sec. C'est un exemple typique du changement climatique, dont les premières victimes sont les agriculteurs. Nous devons accompagner les évolutions des pratiques des agriculteurs pour respecter ces engagements. Enfin, nous faisons face à un enjeu économique car la transition doit se faire en filière. Les pratiques bas carbone sont coûteuses et la transition ne pourra se faire que si les agriculteurs sont rémunérés.

Depuis un peu plus de deux ans maintenant, nous parlons énormément de carbone. Cependant, il est important de souligner que les agriculteurs ont toujours travaillé le carbone, sans communiquer spécifiquement. Aujourd’hui nous disposons du nouvel indicateur carbone. Nous organisons des réunions le plus souvent possible, des webinaires, des réunions thématiques au plus proche des agriculteurs sur le terrain. Nous expliquons comment fonctionne le carbone, ses mesures et les solutions de stockage dans les sols. Nous essayons de travailler ces questions avec nos clients et nos filiales afin d’être en capacité demain de rémunérer ces pratiques bas carbone. Si nous souhaitons décarboner l’intégralité de la société, il faut commencer par l’agriculture et penser au financement de ces pratiques.

Image de Henry Be

Alain DEKETÈLE, Associé-Coopérateur, VIVESCIA

Agriculteur depuis 25 ans, je dresse sensiblement le même constat qu’Alban COLLARD. Il y a une quinzaine d’années, j’ai essayé d’impulser une orientation sur mon exploitation, que l’on a appelé l’agriculture de conservation ou l’agriculture régénératrice. C’est un ensemble de pratiques vertueuses limitant les émissions de gaz à effet de serre. Nous essayons de réduire le travail du sol à sa plus simple exploitation, en couvrant les sols au maximum dans la durée en faisant se succéder les plantes de couverture. Nous essayons aussi d’allonger les rotations et de diversifier les cultures présentes sur l’exploitation. Nous abaissons un peu le potentiel de rendement objectif et nous ajustons les paramètres de nos intrants. Nous visons un optimum économique sans aller chercher la performance absolue, en recherchant la sécurisation des niveaux de production.

 

Il ne faut pas se méprendre : l’agriculture attentive au carbone n’est ni régressive ni décroissante. C’est une agriculture technologique qui a besoin de réactivité. Nous avons besoin d’expertise et de conseil sur ces questions. VIVESCIA a une place privilégiée parce que la coopérative est à l’interface de tous les acteurs de la filière. Nous avons une chance inouïe de pouvoir dialoguer ensemble et de mettre en place des solutions collectives.

Benoît PIÈTREMENT, Vice-Président, AGPB & Président, AGPB Marne.jpg

Benoît PIÈTREMENT,
Vice-Président, AGPB & Président, AGPB Marne

Avec les autres associations spécialisées dans les grandes cultures qui sont liées à la FNSEA, nous avons créé le label bas carbone. Les calculs sont scientifiquement très pointus. Nous sentons bien que les agriculteurs sont de plus en plus sensibilisés parce que l’on met en valeur l’environnement dans la façon de produire en France. Dans ce débat sur la décarbonation, l’agriculteur ne doit pas être oublié et ne doit pas non plus être un bouc émissaire, c’est un travail a mener sur l’ensemble de la filière à tous les niveaux.

 

La création de la valeur est essentielle. La première valeur ajoutée sur la décarbonation, et l’environnement en général, c’est la reconnaissance. En tant que président d’une coopérative, lorsque je discute avec mes agriculteurs, la première chose qui leur vient à l’esprit c’est le manque de reconnaissance, voire dans certains cas le dénigrement de la profession agricole. Il y a également la question de la valorisation financière de cette stratégie bas carbone. L’agriculteur est le premier sur la chaine et l’azote est ce qui pose problème dans les indicateurs carbone des exploitations agricoles. Les crédits carbones dépassent l’échelon seul de l’agriculteur. Pour les impliquer, il est nécessaire d’avoir des cahiers des charges précis où les intérêts sont perceptibles directement par les agriculteurs. L’innovation est essentielle pour faire évoluer l’agriculture et cela constitue une véritable prise de risque. Il est nécessaire d’accompagner les agriculteurs.

ean-François LOISEAU, Président, Intercéréales & Président, Axereal.jpg

Jean-François LOISEAU,
Président, Intercéréales & Président, Axereal

Les pratiques agricoles, lorsqu’elles sont vertueuses, représentent une formidable solution à ces maux. L’utilisation de la chimie est présente depuis une cinquantaine d’années et nous l’avons tous pratiqué. Même si nous nous rendons compte aujourd’hui de cette partie néfaste concernant la biodiversité, le respect de la terre et de la capacité des plantes à résister. Nous essayons, dans la filière céréalière depuis quelques années, d’embarquer tous les maillons de la filière (des agriculteurs et collecteurs jusqu’aux transformateurs et exportateurs). N’oublions pas que nous avons également des enjeux alimentaires sur la qualité nutritionnelle et nous devons pas seulement se concentrer sur les sujets environnementaux. Il y a un travail au niveau des collecteurs d’optimisation, d’économies de carbone à faire.

 

Pour donner du sens à nos métiers, il faut prendre en compte les enjeux alimentaires, qualitatifs, et disons écologiques au sens large, ainsi qu’au respect de la terre et des Hommes. Si nos filières agricoles, transporteurs et transformateurs, peuvent mettre en valeur cela, le consommateur in fine paye ce qu’il veut de plus et de mieux. Il faut vraiment montrer à tous ceux qui écoutent, lisent et prennent des décisions ou s’informent simplement, que la société vit une transition extraordinaire. Les filières alimentaires, qui utilisent le mauvais carbone pour le mettre dans le sol grâce à la photosynthèse, et ensuite nous permettent de produire de l’alimentation saine et durable, doivent donner envie à nos jeunes. Il faut des signaux très forts pour se mettre au travail ensemble. Il faut montrer la valeur de ce que nous faisons. Le crédit carbone sur l’exploitation agricole est-il transmissible et visible par le consommateur final qui va se rendre dans un supermarché ? Je n’en suis pas persuadé, en revanche, quand des grands groupes montrent sur leurs produits la démarche écologique qui a été suivie, cela est sans doute plus visible et bénéfique. En France, nous avons un modèle assez fou : quatre centrales d’achat dans la grande distribution qui plient et qui fusillent le secteur agricole et agro-alimentaire depuis quarante ans. Avec ce pilonnage excessif sur l’alimentaire, les marges d’amélioration de productivité sont détruites par ces 4 centrales d’achat. Les responsables politiques doivent absolument réagir face à ce modèle dévastateur si nous voulons développer des filières vertes.

hristoph BÜREN, Président, VIVESCIA.jpg

Christoph BÜREN, Président, VIVESCIA

Une coopérative a la mission de sensibiliser, de transmettre et d’innover. Le premier risque que nous rencontrons aujourd’hui, c’est le changement climatique, qui n’est plus simplement un danger mais un phénomène permanent dont les conséquences se déroulent sous nos yeux. Il faut aller beaucoup plus loin dans la gestion du risque, en passant par l’investissement, la recherche et l’innovation, notamment par le biais de nos différents instituts. Cependant ces derniers ne sont, selon moi, pas assez dans la prospective. L’INRAE est-il prêt à investir à l’avenir, sans augmenter son budget, 30 à 35% de sa recherche dans les conséquences de l’évolution du climat et dans l’adaptation à trouver pour l’agriculture ? L’adaptation, cela reste quelque chose de totalement nouveau, que ce soit dans les pratiques ou encore dans la data. Sur la financiarisation du risque, il faut également s’interroger sur la capacité du client, du citoyen, à payer un peu plus pour accompagner les entreprises dans cette démarche, car l’agriculteur ne peut pas prendre ce risque seul. Il faut que l’ensemble du paysage agro-industriel français et européen ait la capacité de bien se projeter vers le futur et de minimiser les risques liés à l’agriculture.

 

Les industriels veulent faire évoluer les choses. À partir du moment où nous sommes d’accord sur le fait que nous sommes face à un défi majeur, il faut être conscient que nous ne pourrons pas le relever seul.  C’est pourquoi il faut trouver une confiance réciproque et partager un certain nombre d’informations au niveau territorial. Dans les filières de l’orge et du sucre, on voit que ce sont les mêmes agriculteurs. Avec Bastien SACHET, nous travaillons sur la fondation Sols Vivants, et il y a probablement des relais à développer avec nos représentants territoriaux dans des agricultures différentes. Nous devons avoir la capacité de travailler avec des coopératives voisines sur d’autres territoires. Les enjeux auxquels nous faisons face impliquent que nous devons prendre des risques, innover et donc investir de l’argent dans du matériel ou de la recherche, et nous ne pouvons plus à ce stade mener ces recherches seul. Il faut également se projeter dans des partenariats publics privés.

Alban COLLARD, Associé-Coopérateur, VIVE

Alban COLLARD, Associé-Coopérateur, VIVESCIA

En tant qu’agriculteur, j’ai vu le climat se tranformer depuis une dizaine d’années. Cette année a

été particulièrement médiatisée, mais dans la région Grand Est, nous observons ces conditions depuis 2015. Cela a des impacts sur les exploitations en termes de culture et de rendements depuis quelques années. Nous parlons de « déréglement climatique » plutôt que de « réchauffement climatique » car nous avons une énorme difficulté à anticiper. Il faut sans cesse s’adapter.

Notre coopérative joue le rôle d’intermédiaire d’innovation et de sensibilisation, finalement d’agrégateur de pratiques vers nos clients, et in fine vers le consommateur. Actuellement, la coopérative développe une nouvelle compétence sur le secteur agronomique. En tant que praticien agricole, ceci me tient particulièrement à cœur. Nous avons identifié que le solde d’émissions de gaz à effet de serre d’un agriculteur est principalement dû à l’azote. Le poids de l’azote est donc fondamental dans les émissions agricoles. Cela pour deux raisons qui concernent l’énergie, d’une part, en matière de production des engrais azotés, et d’autre part, en émission lors de l’application. ll nous faut des engrais azotés, qu’ils soient minéraux ou organiques, moins émetteurs en carbone.

Hervé LE FAOU, Chief Procurement Officer (Directeur des achats), Heineken.jpg

Hervé LE FAOU,
Chief Procurement Officer (Directeur des achats), Heineken

Le groupe Heineken réalise 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires mais produit 20 millions de tonnes de carbone. Nous avons pris l’engagement d’être neutre en carbone en 2040 pour l’intégralité de la chaîne de valeur. Sur notre empreinte carbone, 30% est lié à l’agriculture, d’où la nécessité pour nous de travailler avec les agriculteurs. Nous doublons tous les ans nos pilotes avec un nombre d’agriculteurs s’élevant aujourd’hui à 500 sur trois types de récoltes (le malt, le sucre et le blé) sur environ une quinzaine de géographies différentes sur la planète, avec l’idée de développer une agriculture régénérative pour aller chercher le zéro carbone. Nous faisons également de la recherche sur les engrais, qui représentent 80% de la signature carbone. Nous poussons nos acteurs vers l’investissement haute technologie et d’innovation, notamment dans les engrais.

 

L’objectif 0 carbone en 2040 signifie qu’il faut agir dès maintenant. À mon sens, il manque deux acteurs autour de cette table : un représentant de l’industrie des engrais et un représentant des industries de l’innovation et de la recherche. Je suis content de voir qu’il y a un représentant politique présent aujourd’hui, car nous attendons des élus qu’ils fixent les règles du jeu, de manière à ce que l’intégralité de la chaine de valeurs puisse jouer en y trouvant un intérêt. Nous avons également besoin de budgets pour financer des innovations pilotes, pour essayer de comprendre ce que deviendra l’industrie de très haute technologie dans le futur. Nous avons également besoin de standards pour savoir comptabiliser le progrès, de savoir comment décarboner avec les techniques existantes et aussi dans le futur. Il y a une réelle volonté de coopérer que l’on retrouve chez tous les acteurs de la chaine de valeur, simplement nous avons besoin d’un certain nombre de choses qui puissent permettre à tout le monde de travailler ensemble.

Christophe KLOTZ, Directeur du développement durable chez Nestlé France.jpeg

Christophe KLOTZ, Directeur RSE et création de valeur partagée, Nestlé France

En tant membre fondateur de l’Alliance et leader de l’agroalimentaire à l’échelle mondiale, Nestlé veut donner des signaux forts pour embarquer nos collègues, notamment pour les plus petites structures qui ne savent pas comment s’y prendre. Avec notre trajectoire zéro émissions à horizon 2050, nous regardons de très près où se trouvent les impacts carbones dans notre chaîne de valeur. Nous devons observer ce qu’il se passe en amont dans le milieu agricole. Le packaging est également un point clé dans la transformation : l’idéal serait d’aller vers plus de vrac et plus d’emballages réutilisables et recyclables. Notre usine dans les Ardennes est un pionnière sur l’énergie renouvelable et les chaudières biomasse. Il y a donc, comme pour l’agriculture régénératrice, une accélération de la transition. Dans le futur, il va falloir se sourcer en France auprès d’agriculteurs et de coopératives comme VIVESCIA, largement engagés dans le processus.

 

Moins 20% d’émissions de GES d’ici 2025 pour VIVESCIA moins 50% d’ici 2030, chez Nestlé, puis 0 net d’ici à 2050. 2050 c’est très loin pour certains et nous nous faisons parfois chahuter car les décideurs d’aujourd’hui ne seront plus là en 2050, d’où l’importance d’avoir un calendrier très précis. Moins 50% d’émissions de GES en 2030, c’est insensé du point de vue technologique, industriel et de la transition agroécologique. Il faut de la confiance, et afin que cela progresse il faut également de la méthode : accompagner, mesurer et inciter. Il faut prendre conscience que cette transition n’est pas punitive mais qu’elle est normale. Vous avez parlé de biodiversité, d’eau et de carbone : il ne faut pas séparer les choses mais plutôt avoir une approche globale. Il faut également intégrer la prise en compte des enjeux sociaux avec le bien être des agriculteurs qui reste fondamentalement lié au carbone et à la biodiversité. Ensuite, concernant la méthode, nous développons depuis 20 ans notre démarche « Sols Vivants », précédemment intitulée « Préférence », constitue un engagement comprenant une obligation de moyens devenue une obligation de résultats. Il faut des indicateurs extrêmement précis afin de savoir quels sont les stocks de carbone. Enfin, en termes d’incitation, nous avons décidé d’accompagner les agriculteurs dès le début de l’engagement, avant même de pouvoir observer des résultats tangibles. Il s’agit de l’engagement d’un grand groupe pour entrainer les autres dans son sillage, mais nous n’y arriverons pas seuls. Nous avons besoin de tout le monde dans les filières, et des autres groupes tels que Heineken et McCain. À l’échelle d’un territoire, il faut associer tous ceux qui gravitent autour des mêmes agriculteurs, avec une approche à la fois privée et publique.

Bastien SACHET, Président, Earthworm.jpg

Bastien SACHET, Président, Earthworm

Nous sommes une organisation internationale basée en Suisse qui compte à peu près 270 personnes. Nous faisons le lien entre les marques qui veulent aller vers une décarbonation et des approvisionnements responsables, pour que la production soit faite de manière durable, responsable et génératrice. Nous n’avons pas une approche d’écologie punitive : notre objectif est de travailler dans la chaîne de valeur de manière très pratique et de faire atterrir tout ce dont nous parlons aujourd’hui dans les différents maillons de la chaîne de valeur, pour l’environnement et pour les Hommes. Ce ne sont pas seulement les agriculteurs qui doivent être sensibilisés. Nous travaillons avec Nestlé, McCain et McDonald’s qui ont pris le parti de transformer leurs approvisionnements agricoles, qui se réintéressent fortement à l’agriculture. Nous avons vu que VIVESCIA avait une ambition forte de transformation et nous travaillons sur un projet de transformation à grande échelle que nous espèrons pouvoir présenter bientôt. L’objectif c’est d’être une force de propositions et d’innover avec les différents acteurs dans la chaîne de valeur.

L’innovation la plus grande est la capacité de travailler avec autant d’acteurs différents. L’inflation actuelle montre que nous ne pouvons pas être dépendants de la volonté du consommateur pour faire avancer la transition à l’échelle à laquelle nous devons la faire avancer. Le premier défi est de faire travailler ensemble les marques et les industriels qui ne travaillent pas ensemble naturellement, concrètement sur le terrain. Les acteurs du territoire doivent également être réunis. Souvent, nous pensons que le secteur privé et le secteur public fonctionnent en vase clos, chacun de leur côté, alors qu’en réalité ils poursuivent des objectifs similaires. J’ai beaucoup d’espoir sur l’implication des régions, qui ont à la fois les budgets et la conscience des problématiques, parce qu’elles sont au contact des citoyens. Les régions ont la capacité d’intégrer des chaines de valeurs autour des coopératives et des industries avec les acteurs du secteur public. Quand nous parlons du risque aujourd'hui, c’est l’agriculteur qui le supporte. Il faut partager ce risque et réfléchir de manière systémique entre agriculteurs, investisseurs et État.

rédéric DESCROZAILLE, Député du Val-de-Marne.jpg

Frédéric DESCROZAILLE, Député du Val-de-Marne

La première chose que je relève des propos tenus pendant cette table ronde est l’acculturation de l’ensemble de la société, c’est-à-dire de mettre un peu plus de valeur dans l’assiette par l’achat, à hauteur de quelques centimes, notamment pour la restauration collective. Ces quelques centimes représentent une hausse de la rémunération des agriculteurs, pour peu que ce soit intégralement répercuté sur l’achat des denrées agricoles. Concernant le risque, il doit être partagé. L’aléa principal dans le métier d’agriculteur est l’écrasement des marges, rendu insupportable depuis des décennies, et il faut trouver des marges de manœuvre. La capacité des sols est au cœur de la maîtrise du cycle et nous avons besoin du sol pour générer de la matière alimentaire (organique et carbonée). Nous ne retrouverons pas cela sans qu’il y ait de tolérance aux imprévus. Il faut s’adresser au grand public avec des outils de support, faire de la pédagogie, déclencher des débats, des controverses mais dans le respect des acteurs. Concernant la recherche, nous balbutions sur la connaissance de la vie microbienne et microbiologique, nous apprenons que nous sommes peuplés de micro-organismes vivants, sur les plantes et dans le sol. Il faut faire un point sur tous les tâtonnements dans ce domaine et le rôle de l’INRAE est charnière. Concernant le côté législatif, il faudrait certes légiférer mais surtout contrôler sur ce qui se fait, ce qui est déjà en vigueur, car cela ne sert à rien d’avoir l’ambition de voter les textes si après on a du mal à les appliquer.

 

En conclusion :

• Ne pas segmenter la réflexion afin de ne pas porter atteinte à notre modèle d’agriculture réactive. D’un point de vue géopolitique, l’agriculture dans le monde nous permet d’avoir deux à trois mois de réserves de sécurité alimentaire mondiale. Ces deux à trois mois de sécurité sont produits par cinq zones de production dans le monde, dont la France pour l’Europe de l’Ouest, le Canada, les Etats-Unis, l’Australie et l’Europe. La stabilité de la production française est essentielle car les pays qui en dépendent ne sont pas capables de reproduire les conditions climatiques qui sont les nôtres. Le GIEC explique bien que dans les décennies à venir, la première cause de déstabilisation géopolitique et de pression migratoire, sera la rupture de la chaine d’alimentation.

• S’agissant du réchauffement climatique, il y a deux enjeux : la lutte et l’adaptation.

o   La lutte est nécessairement mondiale, la France pourra faire tous les efforts qu’elle veut, cela n’aura pas d’effet si les autres pays ne s’y mettent pas.

o   Localement, par territoire, cela nécessite de s’adapter par bassin économique à la question de l’eau et de l’impact de la recherche et du développement sur des variétés nouvelles qui résistent mieux.

•  Ensuite, la confiance, la reconnaissance et la transmission sont essentielles. Le renouvellement des actifs est politiquement le plus gros sujet à traiter dans les quinze années à venir. C’est un point culturel fort en France : lorsque l’on est paysan, on l’est à vie. Il faut trouver une solution pour que les jeunes qui s’engagent dans cette voie puissent, au bout de quinze ans, vendre leur affaire sans que cela soit un drame. Le renouvellement doit se faire autrement que selon le modèle traditionnel cadre familial ou hors cadre familial, car ce modèle n’est plus adapté. La reconnaissance qui manque au secteur agricole est liée au défaut de connaissances sur les métiers du monde rural.

Enfin, la dimension achat est également à prendre en compte. L’achat est central comme fonction dans toute cette affaire, quand on sépare l’achat et la vente, c’est la catastrophe. Il faut revenir au code des marchés publics afin d’intégrer le risque dans la fonction achat.

Table ronde 1 

  • Armand GANDON, Expert agronome bas carbone, Vivescia

  • Alban COLLARD, Associé-Coopérateur, Vivescia

  • Alain DEKETÈLE, Associé-Coopérateur, Vivescia

  • Hervé LE FAOU, Chief Procurement Officer (Directeur des achats), Heineken

  • Christophe KLOTZ, Directeur RSE et création de valeur partagée, Nestlé France

  • Benoît PIÈTREMENT, Vice-Président, AGPB – Président, AGPB Marne

  • Jean-François LOISEAU, Président, Intercéréales

  • Bastien SACHET, CEO, Earthworm

  • Christoph BÜREN, Président, Vivescia

  • Frédéric DESCROZAILLE, Député du Val-de-Marne

Table ronde 2 

  • Amédée BRÉTIGNIÈRE, Directeur innovation et stratégie impact sociétal, Groupe RÉALITÉS

  • Olivier HAUTIN, Directeur général, Malteurop

  • Marie-Cécile DAMAVE, Responsable innovations et affaires internationales, Agridées

  • Olivier FLAHAUT, Coordinateur Pôle Transition Energétique, Direction régionale Grand Est, ADEME

  • Olivier de BOHAN, Président, Cristal Union

  • Boris RAVIGNON, Maire de Charleville-Mézières, Vice-Président de la région Grand Est chargé de l’économie et des fonds européens

  • Christoph BÜREN, Président, Vivescia

  • Catherine VAUTRIN, Présidente, Grand Reims

PARTICIPANTS

  • Charles DE COURSON, Député de la Marne

  • Jean-Philippe FONS, Sous-préfet de Vitry-le-François

  • Vanina PAOLI-GAGIN, Sénatrice de L’Aube

  • René-Paul SAVARY, Sénateur de la Marne

  • Jacques LUCBEREILH, Sous-préfet de Reims

  • Bertrand RIGAL, Directeur de la Transition écologique, Communauté urbaine du Grand Reims

  • Alexandre DUCRUET, Directeur Territorial, GRDF

  • Cyril COGNIARD, Président de la CGB Champagne Bourgogne (Confédération Générale des Planteurs de Betteraves)

  • Anthony SPITAËLS, Responsable Affaires publiques, Nestlé France

  • Stella HANS, suppléante de Xavier Albertini, Député de la Marne

bottom of page